Etrangement ou non, mais le fait de m'être blessé la cheville le jour de mes 30 ans ne semble pas si anodin que pouvait le suggérer la chute de départ...
Parce que ma première réaction a été la frustration de me blesser le jour de mon anniversaire, s'en est suivi une petite reflexion sur ma manière d'avancer dans la vie, me précipiter toujours un peu trop, paniquer pour n'importe quoi alors qu'il n'y a pas de raison de le faire (après tout, j'ai bondi pour bouger ma voiture parce que je gênais un mec garé, mais finalement je n'aurais pas couru aussi vite, il aurait attendu et vu qu'il n'avait pas l'air pressé ça n'aurait pas dérangé, mais moi, j'ai bondi, et je me suis tordu la cheville).. bref. c'était ma première conclusion. Adopter un rythme plus adapté à la sagesse plutôt que la précipitation.
Cependant, après deux mois, je boite encore un peu, j'ai toujours mal, mais surtout, avec le kiné, et suite à divers exercices plutôt variés, on a mis le doigt sur le point essentiel de ma guérison ! Parce qu'on a remarqué que dès qu'on étirait ma cheville et que donc elle allait mieux, mon dos me faisait beaucoup souffrir, et dès qu'on apaisait le dos, paf, la cheville recomencait à faire mal.
Fort de cette constatation, et après les explications du kiné m'expliquant que tout est lié dans le corps et que le but c'est de remettre tout en place pour que la douleur arrête de faire le yoyo.. j'ai eu une douleur assez vive à l'ovaire durant un étirement.
On en parle un peu, il me demande si j'ai déjà eu des soucis d'un point de vue obstétrique (ce n'était pas le mot, mais là, je ne m'en souviens plus) et je lui raconte la triste histoire de mon kyste à l'ovaire quand j'avais 13 ans.
J'ai quasiment toujours eu de sales mésaventures avec les gynécologues qui ont croisé ma route mais de toutes, celle-ci a été la pire. il y a de cela 17 ans maintenant, peu de temps après avoir eu mes premières règles et bien longtemps avant de ne serait-ce qu'embrasser un garçon sur la bouche pour la première fois, je me suis retrouvée à l'hôpital avec une douleur au ventre épouvantable, ils ont d'abord pensé à l'appendicite puis ont vu en écho que j'avais un kyste sur l'ovaire droit qui faisait environ 5cm de diamètre.
J'ai donc été mise dans une salle d'examen gynécologique, le premier de toute ma vie, avec une dame très gentille qui m'a posé des questions simples (as-tu déjà eu un petit copain ? quand sont arrivées tes premières règles ?), bref, elle m'a mise en confiance, elle était douce et calme... elle m'a alors installée sur leur superbes chaises de torture que je hais toujours autant, les guibolles en hauteur posé sur leurs "étriers", cette position inconfortable, complétement "soumisante" et est entré LE docteur, un vieux moche aux cheveux frisés et sombres qui est arrivé en se frottant les mains avec un air que j'ai trouvé sur le moment plutôt malsain.
Je ne sais pas pourquoi, mais quand j'y repense maintenant, je ressens une impression très forte de dégoût et de rejet, est-ce pour ce qu'il m'a fait subir ou parce que je l'ai senti dès le départ ? who knows now...
Il a enfilé des gants, non non, pas ceux en latex tout fins, plutôt des gants qui sont offerts avec les colorations pour cheveux, vous savez, ceux avec les coutures sur les côtés de chaque doigt et dont je vous laisse imaginer l'effet qu'ils faisaient en interne !
Bref, il pose ses mains sur mon ventre, me pose le speculuum (horrible sensation de froid, de tiraillement, de douleur et de cette espèce de pas de vis qui vous ouvre et fait mal). Il fait ses premières observation, je ne m'en souviens pas tellement franchement. et puis il retire le speculuum, je me dis c'est terminé, mais non... en fait, en quelques secondes commencent "l'acte". Il a simplement fourré ses doigts partout, dans mon vagin, dans mon anus, sur mon ventre, a appuyé comme un taré, m'a fait mal à un point assez élevé, la connasse à côté continuait à être gentille, me disant de bien m'accrocher aux barreaux, de respirer (et on respire, un , deux, un deux) j'avais envie de lui crier que j'étais pas en train d'accoucher, mais la douleur je crois m'empêchait un peu de m'exprimer autrement qu'avec des borgorygmes.
Cela m'a semblé durer une éternité, mais je ne saurais dire en vrai combien de temps s'est écoulé, je me souviens de ses doigts qu'il enlève, des gants qu'il retire et qu'il jette dans la poubelle à pédale et sa remarque tellement fine :
" Bon, je n'avais pas le droit de vous faire ce que je vous ai fait, vous auriez pu mourir, mais je vous ai évité deux semaines d'hospitalisation, donc vous pourriez me remercier"
il a donné quelques consignes à l'autre gynéco, ils m'ont bien expliqué qu'il m'avait "cassé" le kyste, que normalement c'était interdit mais que si on me demandait, il fallait que je dise que ça s'était cassé par accident durant la consultation et il est parti me lançant un joyeux "aurevoir". La gynéco m'a bien reprécisé que je devais dire que le kyste s'était rompu durant l'examen et ils m'ont laissé partir dans ma chambre d'hôpital.
Je ne sais pas franchement ce qui est resté de tout ça, je sais que durant un mois complet j'ai saigné sans interruption, et que la douleur a disparu. Mais j'ai découvert bien plus tard, lors de mes premières aventures sexuelles que la douleur pouvait revenir de temps à autre.
Le temps a passé, j'ai avancé dans la vie et me suis retrouvée il y a trois ans à me faire prescrire des semelles pour compenser une hauteur de hanche gauche et droite.
Finalement, en en parlant avec le kiné, qui a passablement été surpris de mon récit (que j'ai fait en ultra abbrégé pour lui) il m'a demandé "et tes parents ? qu'est-ce qu'ils ont fait ?" sa question m'a pas mal bouleversé étant donné que mis à part mon beau père, qui était là, les autres n'étaient pas assez proches pour agir ou réagir et comme on me l'avait bien précisé, j'ai dit que le kyste s'était rompu accidentellement, alors qui aurait bien pu s'inquiéter ?
J'ai appris des années plus tard, par ma meilleure amie de l'époque (à qui j'avais raconté la mésaventure) que ce médecin, suite à plusieurs plaintes et erreurs médicales (il a quand même prescrit des calmants destinés aux chevaux à une nana !!) s'était fait radier de l'ordre des médecins.. je n'ose imaginer ce qu'il a pu faire endurer à d'autres !
Bref, j'ai toujours une douleur forte dans le dos, cette douleur dans l'ovaire (et les deux osthéopathes que j'ai vus dans ma vie l'on repéré très très vite à chaque fois) et aujourd'hui cette douleur dans la cheville.
Et finalement tout s'imbrique, ma hanche n'est pas à la même hauteur à gauche et à droite parce que mon côté droit s'est enroulé autour de cette zone pour la protéger, elle ne bouge quasiment pas et est complétement verouillée. Il suffit que le kiné me propose de faire un simple exercice respiratoire pour voir des larmes couler sur mes joues et une sorte de panique assez intense s'emparer de moi, alors que le geste est doux, que c'est moi qui le gère (couchée sur le côté avec la jambe opposée pliée et la jambe droite tendue, le bras au-dessus de la tête et de respirer profondément) avec les séances, c'est moins violent et je sens qu'on avance, mais il n'empêche que c'est encore bien vif !
Ce kiné, il est excellent, il a compris que les techniques directes ne fonctionnent pas pour moi, donc on ne travaille que par des chemins de traverse, il trouve plein d'exercices différents à me faire faire, n'est pas intrusif, il est compréhensif, proche mais assez distant, bref, il me convient complétement et mon corps arrive de plus en plus à le laisser s'approcher sans se fermer complétement.
Et surtout, en travaillant cette ouverture de mon côté droit, je remarque que ça dégage ma cheville. Plusieurs fois il m'est arrivé de me blesser cette cheville à mon anniversaire et jamais je ne suis allée plus avant dans la compréhension de cette douleur. Pour mes trente ans, c'était peut-être le moment venu, suite à diverses choses que j'ai mises en place avec moi-même pour être mieux, bien, complète, sereine dans ma tête et mon corps, et avec cet accident de cheville, blessure si frustrante lorsqu'elle est arrivée, j'en reviens presque à me dire que c'était une douleur nécessaire pour faire le premier pas vers l'ouverture de cette zone bloquée et fermée qui je l'espère changera et ma vie sexuelle (pour le moins frustrante niveau sensations) et ma vie personnelle.